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LES ANGLAIS ET L’INDE

en révolutions plus stériles encore. Malheureusement, nous l’avons dit, peu d’élus à peau blanche parviennent à saisir au passage l’inconstante déesse, car la concurrence des hommes du pays devient de jour en jour plus redoutable pour l’Européen, et l’on peut avancer, sans exagération aucune, que la part du lion dans les bénéfices du commerce de l’Inde s’accumule de plus en plus dans la communauté native.

La chose est facile à comprendre : vivant presque sans besoins, rompu dès l’enfance aux pratiques étranges de ces races bizarres, maître de toutes les finesses de ces langues orientales que l’enfant du Nord bégaye à peine, étranger d’ailleurs à tout sentiment d’honneur et de dignité personnelle, ne reculant devant aucune source de profit, quelque impure qu’elle puisse être, le natif réunit des avantages, quelques-uns peu désirables sans doute, mais qui, dans la lutte commerciale, doivent en fin de compte triompher de l’énergie et des connaissances supérieures de son concurrent européen. À plusieurs reprises déjà nous avons eu occasion de parler de cette muraille plus que chinoise qui protège la vie intime de la communauté native. Dans votre propre ménage, en vain cherchez-vous la lumière ; des années entières d’une enquête persévérante ne finiront jamais par vous faire découvrir les prix des articles de première nécessité sur le marché, le nom réel et la demeure du doyen de votre domesticité. Ces ténèbres, qui enveloppent tous les détails du ménage, donnent une idée de tout ce qu’il y a de frauduleux, d’impénétrable, dans les transactions