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LES ANGLAIS ET L’INDE

travailleurs libres pour suppléer à la main-d’œuvre jusque-là fournie par l’esclavage, qui, suivant toute apparence, allait disparaître. L’île Maurice, éloignée d’un mois de navigation au plus, dans la saison favorable, des populations surabondantes et pauvres de l’Inde anglaise, semblait réunir les conditions les plus satisfaisantes pour que l’immigration des coolies y fût tentée avec toute chance de succès. Il fallut plusieurs années toutefois pour qu’un système régulier d’immigration fût organisé dans les présidences du Bengale et de Madras. On s’explique facilement ce retard en faisant la part de l’ombrageuse susceptibilité avec laquelle la cour des directeurs a toujours accueilli de parti pris toutes mesures qui favorisaient l’ambition du ministère des colonies, si impatient de prendre pied dans le domaine de l’administration indienne. Ces défiances étaient au reste parfaitement justifiées par l’esprit de réforme à tout prix, l’enthousiasme politico-religieux qui dominait dans les bureaux du ministère des colonies, où la carte à payer de l’émancipation n’était point encore arrivée. Le gouvernement de la compagnie avait alors les plus justes motifs pour craindre qu’un personnage officiel placé sous les ordres de l’administration métropolitaine ne devînt dans le domaine indien un agent de désordre et de révolution ; qu’abrités par son patronage, les envoyés d’Exeter-Hall ne vinssent démoraliser, sous prétexte d’éducation politique et de conversion religieuse, les populations simples et timides des trois présidences. L’administration indienne, pour justifier le