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LES ANGLAIS ET L’INDE

quer cet état de statu quo : la consommation de l’indigo est loin d’être illimitée, et présente en effet ce singulier phénomène, que l’industrie européenne sait restreindre ses besoins en proportion des prix, et substitue dans la préparation des étoffes communes des teintures minérales à la teinture végétale, lorsque cette dernière augmente trop de valeur.

Les prix de l’indigo, depuis la régénération de cette industrie dans le Bengale, ont été soumis à de grandes variations. En 1795, au début, en moyenne de 120 roupies le maund, en 1815, de 130 roupies, ils atteignent leur maximum dans les années de grande production, de 1825 à 1826 ; ils s’élèvent alors à 300 et 350 roupies, hauts prix factices qui amenèrent de nombreux désastres parmi les spéculateurs. Aujourd’hui le marché du Bengale, mieux connu, et exploité d’ailleurs avec plus de prudence par le commerce européen, n’est plus agité par ces fluctuations ruineuses, et les prix, toujours variables, suivant les saisons et les qualités, ne sortent pas des limites de 140 à 190 roupies. Les calculs de planteurs expérimentés, en prenant une moyenne de cinq années, donnent, sur des terrains favorables, les seuls qui puissent être cultivés avec avantage, le prix moyen de revient de 120 roupies le maund. Il y aurait donc, pour le planteur, un bénéfice certain d’environ 40 pour 100 : magnifique résultat qui semble faire de l’industrie de l’indigo une industrie unique au monde ! Il est loin d’en être ainsi, et l’on peut dire que, de toutes les cultures, l’indigo est