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LES ANGLAIS ET L’INDE

témoignages, l’on ne doit pas s’étonner de l’immobilité des capitaux natifs. Aussi en dehors des grands centres, où l’on peut facilement aborder les valeurs du gouvernement, les capitaux, au lieu d’être employés utilement au développement de la richesse publique, s’accumulent incessamment en bracelets aux pieds et aux bras des femmes et des enfants, ou disparaissent plus inutilement encore dans les entrailles de la terre sous forme de trésor. De toute antiquité, ce mode barbare de disposer des économies et des labeurs du passé sans utilité pour le présent et pour Fa venir est passé dans les mœurs des souverains indiens et de leurs sujets. Longue serait la liste des trésors royaux que les baïonnettes anglaises ont déterrés sous les ruines des forteresses natives, de Seringapatnam à Burtpore. Quant aux trésors des particuliers, l’on comprend facilement qu’il soit impossible de donner des documents sérieux à ce sujet : ce n’est qu’avec la vie que l’avare livre le secret de son coffrefort ; mais tout donne lieu de croire que, même aujourd’hui, cette manie puérile est très-répandue dans toutes les classes de la société indigène, et on s’explique facilement qu’elle ait résisté victorieusement aux efforts civilisateurs de la domination anglaise. L’absence de placements sûrs, les lenteurs et les irrégularités de la justice ne sont pas les seules causes qui la perpétuent : il faut aussi tenir quelque compte des ravages que les dacoïts, ces bandits particuliers à l’Inde, exercent encore dans le pays. Qu’un homme ait acquis une réputation de richesse, ou vive avec les dehors de l’opulence,