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EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS.

roupie, et réalise ainsi un bénéfice de 3 pour 100 en quelques heures. Ce ne sont pas là d’ailleurs les seuls profits du potdar, qui confie ses capitaux aux rijots, aux domestiques, aux nécessiteux de tout genre, à des intérêts qui varient de 2 1/2 pour 100 par mois à 50 pour 100 par an, et même au delà.

Ces usuriers de village ne sont au reste que les infiniment petits de la famille des hommes d’argent de l’Inde. Il existe dans tous les grands centres du domaine de la compagnie, à Calcutta, à Bombay, à Madras, à Bénarès, des banquiers dont la fortune et les transactions commerciales ne le cèdent point en importance à la fortune et aux transactions des sommités financières de l’Europe. Tel individu, humble de mise et de démarche, tout prêt à baiser avec respectla poussière des souliers du plus petit magistrat européen, a un coffre-fort aussi bien garni que celui du baron Rothschild, et peut émettre des traites de plusieurs millions sur les villes les plus éloignées de l’Inde. Seulement le banquier indigène ne reçoit pas de dépôts : ses transactions se bornent à échanger les monnaies, à escompter les effets, et à tirer ou accepter des lettres de change nommées hoondees, écrites dans une langue particulière. De là des difficultés insurmontables pour le placement des capitaux dans l’Inde. Et si l’on fait la part de tout ce qu’il y a d’incertain et de douteux dans les titres de propriété foncière même les mieux établis, des délais et des incertitudes que toute affaire litigieuse entraîne avec elle dans ce pays de la chicane, des faux documents et des faux