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LES ANGLAIS ET L’INDE

ne doit-on pas s’étonner que le mensonge, le hideux mensonge soit à l’ordre du jour, dans cette société bâtie sur l’imposture, et qu’un terrain semé comme à plaisir de tous les germes impurs qui peuvent flétrir et égarer les instincts de l’humanité ne produise qu’une impure et déplorable récolte d’êtres dépravés et criminels.

Une femme de beaucoup de tact, devant laquelle je venais de flétrir, avec la plus vertueuse colère, l’immoralité des populations indiennes, me posa successivement, un jour, les questious suivantes : « Malade, vous Pavez été sans doute, n’avez— vous pas rencontré dans ces domestiques menteurs et coquins, que vous venez d’anathématiser avec tant d’éloquence, un dévouement profond, les soins les plus attentifs et les plus délicats ? Si vous admettiez dans votre maison, en Europe, un personnel de domestiques aussi nombreux que celui qui nous entoure dans l’Inde, et cela comme nous le faisons tous, sans recommandations valables, sans garanties d’aucune sorte, croyez-vous que les vols dont vous seriez victime ne seraient pas autrement graves que les quelques paires de bas et la demi-douzaine de chaussettes qui manquent annuellement à votre garde-robe ? N’est-ce pas un fait de tous les jours qu’une jeune fille, fraîchement arrivée d’Europe, accomplisse, pour rejoindre sa famille, les voyages les plus lointains, seule, sans appui, incapable de dire un seul mot des langues du pays ? Une, deux, et trois fois par jour, dans un voyage qui dure souvent des mois, elle