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CRIMES ET CHÂTIMENTS

mais, outre l’éducation de l’école, il est encore pour l’homme une éducation de tous les jours, de tous les instants : l’éducation du foyer domestique. Quelle est-elle pour l’homme de l’Inde ? Dès son enfance, son esprit est rétréci dans un cercle de formes mécaniques, de rites frivoles qui constituent les pratiques de la religion hindoue. Jeunes et vieux offrent aux idoles des mets que jeunes et vieux mangent ensuite, sous prétexte que les idoles sont rassasiées. Les citrouilles, les chouettes, les chacals, les plus humbles ustensiles du ménage sont érigés en divinités et adorés sérieusement comme telles à des jours consacrés. Autour de l’enfant résonnent sans cesse des chants obscènes, où l’on célèbre les exploits de dieux pervers qui ne diffèrent des hommes que par la brutalité et la perversité de leurs excès ; et pour premières parolessa bouche innocente apprend à balbutier des formules d’anathèmes destinées à attirer la malédiction d’en haut sur un ennemi. Ajoutez à ces éléments dissolvants de tout sens moral l’influence de certaines coutumes impies, telles que l’abandon des malades et l’exposition des morts au bord des fleuves. Dites encore que dans la famille indienne, la mère est réduite au rôle le plus dégradé, vouée aux fonctions les plus abjectes, moins considérée que le plus jeune de ses fils, et vous devrez logiquement et tristement conclure que l’éducation intime de la famille est exclusivement faite dans l’Inde pour dépraver le jugement, pervertir la raison, atrophier les sentiments de bonté et de justice innés au cœur de l’homme. Aussi