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LES ANGLAIS ET L’INDE

vicieuse n’est-elle pas bien meilleure que le cochon d’un aimable caractère ? — Tout ce qui est dans ce monde appartient de fait aux brahmes par droit de primogéniture et de toute puissance pour un espace de soixante mille ans ! » Qu’attendre de cette omnipotence terrestre que le brahme tient de la religion, sinon, d’une part une tyrannie sans limites, de l’autre la plus dégradante abjection ?

Fondé de pouvoirs de la Divinité sur la terre, le brahme s’érige en dispensateur de ses bienfaits et de ses châtiments. Ici surtout ses pouvoirs sont sans bornes. La perte d’un procès, les calamités domestiques, les mille fléaux, épidémie, famine, ravages de bêtes fauves, qui peuvent fondre sur une population, sont autant d’accidents que le brahme sait exploiter avec adresse pour grandir le prestige de sa puissance aux yeux de son entourage. Il est vrai de dire que, dans les grands centres, où les natifs se trouvent en contact incessant avec les Européens, la barrière des castes a été en partie démolie. A Calcutta, par exemple, on trouve par centaines des brahmes qui, poussés par l’appât du gain, ont embrassé des professions que les dogmes de leur religion leur interdisaient ; mais, en dehors des grandes villes et des districts voisins, l’influence du brahme demeure toute — puissante sur des esprits imbéciles, façonnés dès leur enfance au joug des plus folles superstitions. En traitant de l’éducation, nous avons dit tout ce qu’il y avait de défectueux et de puéril dans le système des écoles de la communauté native ;