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CRIMES ET CHÂTIMENTS

viennent se briser les efforts des magistrats les plus actifs et les plus intelligents. La corruption de la police et la crainte de ses exactions, crainte qui arrête dans bien des cas la plainte des parties lésées, sont encore d’autres arguments péremptoires à l’appui des doutes que nous avons émis sur la valeur des documents de statistique criminelle publiés par le gouvernement de la compagnie. Aussi peut-on conclure que la majeure partie peut-être des crimes et délits commis dans l’Inde échappe à la répression des lois. Nous n’essaierons point de dégager l’inconnue du problème en entrant dans le champ des hypothèses, et nous ne tirerons qu’une conclusion de ces faits divers : c’est que la moralité des populations indiennes est de beaucoup inférieure à celle des nations de l’Europe civilisée.

En peut-il être autrement dans cette communauté enchevêtrée depuis des siècles dans les superstitions les plus odieuses et les plus absurdes, dans cette communauté en tête de laquelle s’élève le brahme, le brahme sorti de la bouche du dieu Brahma, le brahme infaillible et tout-puissant dont les livres sacrés définissent ainsi les attributions et les pouvoirs : « Le brahme est la constante incarnation du Dieu de justice ; instruit ou ignorant, il doit être respecté comme le feu. — Le brahme coupable de vol pèche contre lui-même ; il est le maître de toutes les autres castes, et doit être adoré comme un demi-dieu. — On doit respecter un brahme même méchant, mais on ne doit aucun respect à un sudra vertueux : la vache