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LES ANGLAIS ET L’INDE

la moralité de la population du Bengale diffère peu de celle des nations les plus civilisées de l’Europe. Hâtons-nous toutefois de rendre justice aux populations européennes, en disant qu’il est loin d’en être ainsi. Tandis qu’en Europe l’exception infinitésimale des crimes et attentats reste seule inconnue de l’autorité et que la statistique judiciaire donne exactement le degré du thermomètre moral des populations, les documents publiés par le gouvernement du Bengale ne sont en réalité que des approximations grossières, dans lesquelles une bonne partie des outrages faits aux lois ne sont pas inscrits.

Comment en effet expliquer d’une manière plausible que les crimes et délits aient augmenté de près d’un tiers dans la période de temps comprise de 1838 à 1844, sinon en disant qu’une police plus vigilante, mieux au courant des habitudes des populations, a pu mettre en lumière plus d’attentats que l’on ne pouvait le faire précédemment avec les moyens insuffisants de surveillance administrative que l’on avait eus jusqu’alors ? De plus, n’est-il pas de notoriété publique, comme il a été dit plus haut, que l’administration anglaise gouvernait depuis cinquante ans le pays, lorsque les ravages des thugs lui furent révélés pour la première fois ? N’est-ce pas d’hier ou à peu près (1842) qu’il a été découvert que la caste nombreuse des keckuks est vouée au dacoït ? Il y a en effet comme une muraille indienne pétrie de mystère, de ruse, de mensonge, d’indifférence au bien et au mal, qui entoure tous les détails de la vie intérieure de la communauté native, et devant laquelle