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CRIMES ET CHÂTIMENTS

les boucles d’oreilles : c’était du reste le plus intelligent de la bande, et, sur l’ordre de mon compagnon, il me donna sans difficulté des preuves de son savoir, en me récitant, avec une volubilité d’écolier, d’une voix argentine, ce qu’on me dit être une table de multiplication. Près de l’atelier des jeunes détenus se trouvent les bâtiments de la prison consacrés aux femmes, où jamais homme ne pénètre qu’en présence du directeur. Vêtues de robes sombres et accroupies s ur deux rangs, au milieu de la cour, les détenues, quenouille en main, filent en silence sous le regard sévère d’une femme d’un aspect vraiment imposant, et qui exerce parmi elles une autorité toute despotique. La majorité des détenues est condamnée, m’assure-t-on, pour crime d’infanticide.

Les détenus prennent leurs repas en commun dans une salle à manger à ciel ouvert, d’un aspect trop pittoresque pour que je n’en dise pas quelques mots. Dans la cour attenante à chaque atelier, des cases de deux pieds carrés, séparées entre elles par des relèvements de deux ou trois pouces, sont disposées en échiquier sur le sol. À l’heure du repas, le détenu vient s’accroupir dans la case qui lui a été assignée, et reçoit là sa ration, que les cuisiniers ont fait bouillir à des fourneaux placés sous des arcades peu distantes[1].

  1. Le personnel administratif de la geôle d’Agra se compose de 14 officiers, 4 geôliers, 114 gardiens et 214 soldats. Quant au nombre des prisonniers, il s’élevait à 2, 168, que l’on classait ainsi : 97 thugs, 342 dacoïts, 166 voleurs de grand chemin, 92 condamnés pour violence, 622 assassins, 532 voleurs ; le reste avait été condamné pour contrebande, parjure, viol, enlève-