Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/222

Cette page n’a pas encore été corrigée
212
LES ANGLAIS ET L’INDE

que le racahout des Arabes communique, comme chacun sait, aux belles sultanes dont il est la nourriture habituelle. Le hasard semble vouloir me donner une preuve de ce fait intéressant de pathologie indienne : car, dans une cellule que je me fais ouvrir sans la moindre préméditation, je me trouve en présence d’un brahme du plus plantureux aspect.

Dans les cellules, les détenus sont astreints à moudre par jour une certaine quantité de grain, ou à imprimer un nombre donné de rotations à la roue d’un régulateur dont le cadran, placé à l’extérieur de la cellule, fait connaître à chaque instant au gardien à quel point de cette tâche d’écureuil laborieux en est arrivé le prisonnier. Pendant deux heures, chaque jour, les détenus des cellules sont conduits dans des loges à ciel ouvert, où ils peuvent prendre quelque exercice et faire leurs ablutions. Un des hôtes de ces cages est un jeune garçon de douze ans au plus, qui cherche, par des cris lamentables, à éveiller la pitié de l’officier qui veut bien me faire les honneurs de l’établissement. Il existe dans la geôle d’Agra un assez grand nombre d’enfants qui sont tous réunis dans un atelier séparé, et auxquels tout contact avec les détenus est sévèrement interdit. Ce n’est pas sans étonnement que j’appris que de ces petits drôles, à peine au sortir de l’enfance, plusieurs étaient frappés de condamnations à vie. Parmi ces derniers était un précoce scélérat de quatorze ans au plus, hôte déjà ancien de la prison et condamné pour avoir assassiné une petite fille dont il avait volé les bracelets et