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LES ANGLAIS ET L’INDE

des escouades de détenus, les fers aux jambes, s’occupent de travaux de terrassement, de coupe des pierres, avec un zèle qui rappelle celui des travailleurs des ateliers nationaux de 1848. Une ailée flanquée de murailles élevées conduit de l’enceinte extérieure à la seconde porte de la prison ; de droite et de gauche se tiennent des groupes de natifs qui attendent, avec une égale apathie, l’heure de la liberté, l’heure de l’écrou ou du travail extérieur. Au guichet de la seconde enceinte, quatre hommes et un caporal remplacent les gardes du corps, au turban rouge et au pittoresque cimeterre, chargés de protéger la personne du visiteur à la geôle d’Alipore, et la visite commence par les condamnés à vie. Réunis dans des sortes de parcs grillés, au milieu desquels s’élève le bâtiment qui leur sert de logement, ces hommes s’occupent à des travaux de corderie et de toilerie grossière : quelques-uns, parmi eux, sont encore marqués au front d’un stigmate indélébile > quoique cette peine ait été rayée, depuis plus de vingt ans, du code anglo-indien. On me fait remarquer que les condamnés à vie sont plus faciles à conduire que les autres hôtes de la prison, la très-grande majorité se composant plutôt d’hommes poussés au meurtre par des passions violentes, la jalousie, la vengeance surtout, que de scélérats endurcis dans le crime.

Les condamnés à temps sont disséminés dans de vastes ateliers bien aérés, où ils se livrent aux professions les plus diverses. Voici des relieurs, des selliers, des faiseurs de tapis, des imprimeurs, des lithographes :