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LES ANGLAIS ET L’INDE

satisfaire la vanité humaine, l’instinct du pouvoir, le noble désir d’être utile à ses semblables, se trouve réuni dans cette vice-royauté, qui commande à une armée de trois cent mille hommes, gouverne un territoire plus vaste et plus peuplé que le plus grand empire de l’Europe, administre un revenu de plusieurs centaines de millions, et dispose de plus d’emplois richement dotés que ne le fait le tsar de toutes les Russies. Quel plus noble champ d’ailleurs ouvert à toutes les facultés humaines que les intérêts si divers de cet empire, où la civilisation du xixe siècle se trouve incessamment en présence de la barbarie des premiers âges, et dont le chef suprême, après avoir examiné une des questions les plus délicates de l’économie politique, décidé du parcours d’un chemin de fer ou d’un télégraphe électrique, doit souvent à la même table, sur un carré de papier voisin, formuler un code de lois pour des populations plus sauvages que ne l’étaient les Gaulois au temps des druides, donner des ordres pour arrêter l’infanticide, passé dans les mœurs, ou les sacrifices humains !

Les pouvoirs du gouverneur général sont absolus, et sous sa propre responsabilité il peut prendre toutes les mesures qui lui semblent nécessaires jusqu’à ce qu’il ait reçu les ordres de la cour, ordres auxquels il est tenu d’obéir sous peine de haute trahison. Le conseil suprême n’exerce pas même sur les décisions du gouverneur général un droit de veto, et ses attributions sont clairement définies par la formule officielle des documents indiens, — le gouverneur général en son conseil (the governor