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CRIMES ET CHÂTIMENTS

sons. De chaque côté de la cour s’élèvent les bâtiments à un étage qui servent de logements aux prisonniers. Ce sont de grandes salles qui ouvrent sur la cour par de hautes fenêtres grillées, et qui offrent une assez grande ressemblance avec les habitations réservées dans les jardins zoologiques aux célébrités du règne animal. Des nattes roulées, quelques coffres, composent tout le mobilier de ces salles, où règne d’ailleurs la plus minutieuse propreté. Les condamnés sont au travail, et réunis dans divers ateliers qui forment l’enceinte extérieure de la prison. Ici l’on émonde le riz, ou l’on moud le grain qui sert à la nourriture des prisonniers. Là travaillent des menuisiers, des serruriers, des tisserands, des selliers, des cordiers. Plus loin sont des moulins à huile, dont les détenus tournent les meules. Voici enfin une papeterie, où l’on fabrique le papier grossier employé par l’administration pour les documents natifs. Ce qui me frappe surtout, c’est que je n’éprouve pas ce sentiment de terreur involontaire dont on ne peut se défendre lorsque l’on visite en Europe les terribles lieux consacrés à l’expiation des crimes. Quelle différence en effet entre cette prison à ciel ouvert, où l’air et la lumière circulent de toutes parts, et une prison de la vieille Europe avec ses murs élevés, ses longs corridors sombres où retentit le grincement des verrous ! De plus, le condamné de l’Inde, bien que souvent terrible en ses vengeances (car ce n’est pas par un luxe de précautions oiseuses que mon conducteur, marqué au visage d’une blessure vieille à peine de