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LES ANGLAIS ET L’INDE

Les tortures physiques ne sont pas les seules qui soient pratiquées dans l’Inde pour mener à criminelle fin de criminels projets, et les secrets les plus raffinés de l’industrie moderne du chantage sont exploités en ces pays lointains avec un succès d’autant plus grand que l’esprit de caste, la crainte de la dégradation sont les seuls sentiments qui exercent une puissante action sur l’homme de l’Inde. Il y a quelques années, le tribunal de Meerut eut à juger des natifs accusés d’homicide sur la personne d’un de leurs parents, et il fut prouvé que les meurtriers n’avaient fait que se rendre aux instantes supplications du défunt. Ce dernier, poursuivi par la colère d’un officier de police qui le menaçait de faire promener, s’il ne se tuait pas, sa femme à visage découvert sur un âne dans les bazars, et n’ayant pas la force de se détruire de ses propres mains, avait exigé de ses parents qu’ils prévinssent, en lui donnant la mort, le déshonneur dont cette exhibition eût souillé lui et les siens. Dans un autre ordre d’idées se commettent des crimes non moins étranges. Ainsi, pour appeler sur un ennemi la vengeance céleste qui poursuit l homicide, des hommes ou des femmes viennent s’accroupir à sa porte et s’y laissent mourir de faim, sans qu’il soit possible de les en chasser ou de leur porter secours. Les mêmes superstitions poussent des pères à immoler leurs enfants. Un planteur d’indigo nous a raconté qu’ayant acquis un nouveau domaine, il fit ensemencer certaines portions de terrain, malgré les réclamations d’un ryot qui s’en prétendait propriétaire. Un matin,