Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée
200
LES ANGLAIS ET L’INDE

exercent ouvertement quelque honnête industrie et ne se livrentau brigandage que par intervalle, et en dacoïts de profession, qui n’ont d’autre moyen d’existence que le fruit de leurs rapines. Ces derniers vivent en commun dans des repaires sous les ordres d’un chef reconnu, et se recrutent de tous les mauvais sujets du pays. Il y a même des castes de la population native qui sont vouées au dacoït de génération en génération : telle est celle des kechuks. Quelques chiffres officiels suffiront pour faire comprendre l’étendue des déprédations des dacoïts. Pendant les années 1833, 1834, 1835 et 1836, les tribunaux anglais eurent à juger 14,168 individus prévenus du crime de dacoït ; sur ce nombre, 4,665 furent condamnés à subir la peine de mort ou celle de la transportation.

Pour donner une idée exacte des crimes qui se commettent dans l’Inde, il faudrait encore dresser non-seulement la liste de cette triste progéniture de la misère et des passions, — le meurtre, le viol, le faux, le parjure, l’adultère, — mais faire remarquer que les crimes de l’nde sont empreints d’un caractère de férocité que l’on ne rencontre pas dans la société européenne. La férocité du bourreau et le stoïcisme de la victime chez les hommes de l’Asie ne le cèdent en rien au stoïcisme et à la férocité des peaux-rouges de l’Amérique, et il se commet journellement dans les domaines de la compagnie des crimes dontles détails effraieraient le tortureur le plus expert du moyen âge. Soit que le sens moral de l’Indien ait été dégradé par des siècles