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LES ANGLAIS ET L’INDE

ment anglais ait conférés aux populations indigènes.

Le colonel Sleeman, qui a dirigé avec tant d’énergie et de succès la magistrature spéciale instituée contre les étrangleurs de l’Inde, a reproduit le récit d’une scène de thuggisme racontée par un thug lui-même, et que nous citerons d’après lui, sans en modifier l’allure orientale :

« Un officier mogol, de noble contenance et de belle figure, se rendant du Punjab dans le royaume d’Oude, traversa un matin le Gange près de Meerut, pour prendre la route de Bareilly. Il était monté sur un beau cheval turcoman et accompagné de son domestique de table et de son palefrenier. Sur la rive gauche du fleuve, l’officier rencontra un groupe d’hommes de respectable apparence qui suivaient la même route que lui : ces derniers l’accostèrent avec les formes les plus humbles et cherchèrent à entrer en conversation ; mais le Mogol était sur ses gardes contre les thugs, et ordonna aux voyageurs de le laisser continuer seul sa route. Les étrangers s’efforcèrent de dissiper ses soupçons : ce fut en vain. Les narines du Mogol s’enflèrent, ses yeux lancèrent des éclairs, et il intima aux voyageurs, d’une voix tonnante, l’ordre de s’éloigner : ils obéirent. Le lendemain, le Mogol rejoignit sur la route le même nombre de voyageurs ; mais ces hommes présentaient un àspect différent de ceux de la veille : c’étaient tous des musulmans qui s’approchèrent de lui très-cérémonieusement, lui parlèrent des dangers de la route, et lui demandèrent la faveur de se mettre sous sa protection.