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CRIMES ET CHÂTIMENTS

tion, une magistrature spéciale, composée d’officiers actifs et intelligents, fut chargée de poursuivre la secte meurtrière sans relâche et sans pitié dans toute l’étendue du domaine indien. Les ramifications immenses de l’association, le nombre considérable de complices compris dans chaque attentat, présentaient de faciles moyens d’information qui furent habilement mis à profit. Des actes d’une clémence judicieuse attachèrent au service de la police anglaise des thugs sous le coup d’une sentence capitale, initiés à toutes les pratiques, à toutes les ressources, à tous les crimes de l’ordre, et la répression commença avec une énergie qui promettait le succès. Nous croyons donner une idée exacte des ravages des thugs et des travaux de la magistrature spéciale instituée par lord William Bentinck en empruntant aux documents officiels les chiffres suivants. Pendant l’année 1830, l’autorité anglaise réunit les preuves matérielles de 243 meurtres commis par les thugs ; ce chiffre s’élevait à 215 en 1831, et à 203 en 1832 ! Mais un juste châtiment devait atteindre les auteurs de tant de forfaits, car 3, 266 thugs en 1837 avaient été livrés à la justice. Sur ce nombre, 412 furent pendus, 1, 059 transportés à Penang, les autres condamnés à la prison ou attachés au service de la police anglaise. Les habiles et rigoureuses mesures prises par lord William Bentinck furent continuées avec persévérance sous ses successeurs. La suppression du thuggisme est aujourd’hui un fait accompli, et sans contredit l’un des plus grands bienfaits que le gouverne-