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LES ANGLAIS ET L’INDE

suites spéciales. Cependant un grand nombre de ces malfaiteurs étaient tombés entre les mains de l’autorité anglaise, et plusieurs d’entre eux avaient racheté leur vie en dénonçant leurs crimes et ceux de leurs associés. Parmi ces révélateurs, il faut compter en première ligne le chef Feringhea, que le caprice d’un romancier a fait connaître au public parisien, brigand de chair et d’os, dont le nom cependant mérite de rester illustre dans les fastes du crime, et qui, ayant pris part à sept cent soixante-dix-neuf meurtres, disait avec une fierté mêlée de regret à un magistrat anglais : « Ah ! seigneur, n’eussé-je point passé douze ans de ma vie en prison, avec la protection de Bowhanee, j’aurais sans doute achevé mille meurtres ! »

Ces confessions monstrueuses étaient dénuées de forfanterie ; des preuves irrécusables en attestaient la sincérité. Sous les pas des thugs révélateurs, la terre, comme sous l’influence d’un pouvoir mystérieux et terrible, s’entrouvrit pour vomir des cadavres. Dans tous les districts de l’Inde, du nord au sud, de l’est à l’ouest, sur les indications données parles prisonniers, on ouvrit des bheels comblés d’ossements humains, qui attestaient les forfaits et la puissance des sectaires de Bowhanee. Heureusement un homme d’une volonté énergique, ami sincère de l’humanité, lord William Bentinck, se trouvait alors à la tête du gouvernement de la compagnie. Il comprit bien vite que la vigilance de la police ordinaire serait impuissante à extirper du sol le fléau enraciné du thuggisme. Sous son inspira-