Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/200

Cette page n’a pas encore été corrigée
190
LES ANGLAIS ET L’INDE

développement et aux déprédations des thugs. Les grandes routes, les entreprises de transport publie sont d’origine toute récente dans l’Inde ; encore aujourd’hui les voies de communication que parcourent les voyageurs ne sont pour la plupart que des sentiers battus à travers les jungles^ les montagnes, les déserts. Le natif lui-même, fidèle aux habitudes de ses ancêtres, ne laisse de trace de son passage sur la route qu’à la boutique où il achète le riz nécessaire à sa nourriture quotidienne. Ce ne sont pas là toutefois les victimes de choix des thugs. Celles pour lesquelles ils déploient les trésors de leur hypocrisie et leurs ruses les plus savantes, ce sont les porteurs qui, suivant les nécessités du commerce, transportent d’un bout à l’autre de l’Inde des diamants, des métaux précieux. Certains chefs de bande occupent d’ailleurs des positions honorables qui éloignent d’eux tout soupçon de complicité dans des attentats dont ils partagent le butin. Que l’on nous permette à ce propos de citer un fait authentique qui donne une juste idée de l’audace des thugs et de l’exactitude de leurs informations. Une bande de thugs qui désolait le district d’Hingolee en 1829 avait pour chef l’un des plus riches marchands du pays, nommé Hurree-Sing. Ce dernier, instruit qu’un marchand du district devait ramener de Bombay un assortiment considérable d’étoffes de soie et de drap, demanda une passe à la douane pour obtenir la libre entrée de ces marchandises, dont il donna une liste exacte. La passe obtenue, il se porta à la rencontre du convoi avec ses