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LES ANGLAIS ET L’INDE

des examinateurs, qu’il possédera un jour les aptitudes si diverses, indispensables à l’officier civil indien pour les fonctions multiples qu’il doit remplir dans sa carrière ? Puisque au reste la compagnie des Indes est entrée à son corps défendant, mais est entrée enfin, dans la voie libérale du recrutement de son administration par examen, il en est un que l’on doit lui recommander instamment d’inscrire sur son programme : c’est l’examen de santé ! Sous ces climats débilitants, au milieu de cette vie monotone et triste des stations indiennes, l’énergie morale dépend surtout du bon état des forces pbysiques. Malheureusement là encore la science divinatoire des examinateurs serait bien souvent mise en défaut, et tel hercule de dix-huit ans, admis par les médecins sur le certificat de ses larges épaules et de ses joues fleuries, viendrait s’étioler dans les plaines du Bengale, tandis qu’un enfant chétif et repoussé comme tel eût acquis sous le climat de l’Inde les dimensions d’un colosse.

Le nouveau règlement qui ouvre à la libre concurrence des examens les commissions civiles de l’Iode ne semble donc, nous le répétons, rien autre chose qu’une concession faite à l’esprit niveleur et antihéréditaire du jour ; nos sympathies ne sont pas avec lui, et nous devons souhaiter que l’Angleterre n’ait pas à déplorer amèrement une mesure qui n’a que les apparences du libéralisme. Le nouveau système a le grand inconvénient de rompre des traditions d’honneur, d’expérience, de dévouement à la chose publique, qui se perpétuaient dans