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CRIMES ET CHÂTIMENTS

tutélaire, et la part de butin de la déesse est religieusement donnée aux prêtres ou chams initiés aux mystères du culte, mystères interdits aux autres thugs, qui se divisent en bouthotes, entre les mains desquels le fatal mouchoir devient une arme de mort ; lughas ou fossoyeurs, experts dans l’art de creuser des tombes invisibles ; et en soothas, qui jouent le rôle le plus important dans cette communauté mystérieuse et terrible. Le procédé des thugs est uniforme : jamais ils n’emploient la violence ouverte ; tout meurtre commis par eux est préparé de longue main ; la ruse, l’hypocrisie, ainsi que l’indique leur nom, dérivé du verbe indoustani thugna, qui signifie tromper, sont les armes les plus dangereuses des thugs. Malheur au voyageur qui prête l’oreille sur la route aux avances, aux paroles mielleuses des soothas ! À un endroit désert témoin de bien des meurtres, lorsque la nuit est noire, au milieu d’une conversation amicale et de chants joyeux, le signal est donné… Bientôt les victimes sont empilées faces contre pieds dans une fosse préparée à l’avance ; on leur ouvre le ventre à coups d’épieux pour prévenir tout gonflement de terre révélateur^ les lughas recouvrent la fosse de sable, et la bande va se réunir à un endroit peu éloigné pour rendre à Bowhanee les actions de grâce accoutumées.

Les conditions politiques dans lesquelles s’est trouvé depuis des siècles le continent indien, fractionné en petits États indépendants et rivaux, les habitudes surtout des populations natives, ont puissamment contribué au