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LES ANGLAIS ET L’INDE

demandes aussi indiscrètes, les descendants de Nahur-Khan aient adopté la coutume de mettre leurs filles à mort dès leur naissance. — Sortons de la légende pour rentrer dans les détails, malheureusement trop réels, d’une pratique détestable qui détruit chaque année des milliers d’êtres humains. Chez les Rajpoots, le père n’est souvent pas même consulté, et le nouveau-né est mis à mort par la mère, ou, dans les familles de haut rang et de fortune, par les serviteurs, avec moins de formalités et plus d’indifférence que l’on n’en met à supprimer une portée importune de jeunes chats ou de jeunes chiens. Le mode de destruction varie suivant les localités et les ressources du moment. Ici l’enfant est étouffé au moyen du cordon ombilical, là il est noyé dans une fosse remplie de lait, une pilule mortelle, ou, détail plus horrible encore, un poison subtil appliqué au sein de la mère accomplit bien des fois l’œuvre homicide. Souvent enfin l’enfant est mis dans un panier, d’où il ne sort que pour être jeté dans un trou ou abandonné en pâture, dans un endroit désert, aux tigres et aux chacals.

Les moyens de répression les plus divers ont été tentés sous l’inspiration du gouvernement de l’Inde ; malheureusement il faut constater que l’étendue du mal a défié jusqu’à ce jour les efforts les plus énergiques. Les Rajpoots, comme d’autres tribus de l’Inde centrale et orientale, ne sont pas directement sujets de l’Angleterre. Les traités dans lesquels les chefs de ces États féodaux reconnaissent le protectorat de leur puissant voisin européen leur assurent en compensation la libre adminis-