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CRIMES ET CHÂTIMENTS

tions de fanatisme qui dépassent de cent coudées les prétentions et les préjugés de l’hidalgo de Castille le plus entiché du sang bleu qui coule dans ses veines. Cependant, quoique toutes les tribus ramènent modestement et uniformément leur généalogie jusqu’au Soleil et à la Lune, toutes ne sont pas d’une égale noblesse. Or une fille qui contracte une mésalliance ou une fille non mariée déshonore également la famille et la tribu à laquelle elle appartient. De plus, l’usage traditionnel du pays impose aux parents l’obligation de dépenser à lepoque du mariage de leurs filles des sommes considérables, soit en fêtes publiques et en présents aux époux, soit en cadeaux aux charans, sorte de prêtres troubadours qui à des attributions religieuses joignent celle de célébrer dans des chants l’épopée généalogique de la famille rajpoot. Une légende populaire donnera une idée des exactions et de la rapacité de ces bardes indiens.

Au temps du mariage de sa fille, un prince natif des temps mythologiques avait fait serment de satisfaire pendant un an toutes les demandes que les charans pourraient lui adresser. Aussi, bien avant que Tannée fût révolue, s’était-il dépouillé de ses chevaux, de ses armes, de son argent, de ses pierreries, quand un charan dernier venu, connaissant son dénûment, lui demanda sa tête. Le fier nabab, pour satisfaire à sa parole, s’empressa de la trancher de sa propre main pour l’offrir au solliciteur. On ne doit pas trop s’étonner que depuis lors, et pour éviter prudemment la répétition de