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LES ANGLAIS ET L’INDE

ment des officiers chargés de recueillir des documents statistiques, il ne se trouvait pas une seule fille en bas âge !

Déjà le gouvernement de l’Inde avait rencontré sur sa route cette coutume sanglante. En 1794, sir John Shore découvrit le premier qu’elle était répandue dans les parties du district de Bénarès qui avoisinent le royaume d’Oude. Quelques années après, des indices certains révélaient l’existence de cette pratique homicide à l’autre extrémité du domaine indien, parmi les populations qui habitent les provinces de Kuttiawar et de Kutch, limitrophes de la présidence de Bombay. Peu à peu, comme des rapports plus fréquents avec les populations donnaient à l’autorité anglaise des renseignements plus exacts sur les mœurs indigènes, on ne put se refuser à la triste conviction que l’infanticide était passé dans les mœurs des Rajpoots, et que cette lèpre sociale s’étendait sur toute la surface de l’Inde centrale. Ici, à vrai dire, les populations n’ont pas même l’excuse d’une superstition aveugle et barbare. La loi religieuse des Rajpoots proscrit particulièrement le meurtre des femmes, et } suivant les shastras, autant d’années d’enfer qu’il y avait de cheveux sur la personne de la victime sont réservés au meurtrier. C’est dans un autre ordre d’idées qu’il faut aller chercher des motifs assez puissants pour étouffer dans la poitrine de l’homme et de la femme les sentiments de la nature, qui parlent d’une voix puissante et écoutée même à la bête fauve. Chez les fiers Rajpoots, l’orgueil de la naissance revêt des propor-