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LES ANGLAIS ET L’INDE

des parents que des enfants en bas âge. Ces derniers sont d’ailleurs préférés par les Khonds, qui peuvent plus facilement leur cacher le destin qui leur est réservé. Une fois parmi les Khonds, le méria devient une chose sacrée, il est choyé de tous et vit souvent plusieurs années avant que les exigences religieuses ne viennent réclamer son sang. Pourtant le jour fatal finit par luire. Le prêtre interprète des volontés de la déesse annonce qu’un sacrifice propitiatoire peut seul détourner de la tribu d’horribles calamités, et le sort du méria est décidé. Son agonie dure trois jours, trois jours de réjouissance pour les populations des montagnes voisines, qui viennent en foule prendre part à l’horrible fête. Le premier jour est rempli par des danses, des chants, des repas. Le second, la victime, habillée de vêtements neufs, est conduite en procession au bois du méria, petit bosquet peu distant du village et consacré à ces cérémonies. Là, elle est liée à un poteau autour duquel la foule vient lui offrir des fleurs, de l’huile, du safran. Pendant la nuit, les prêtres et les anciens de la tribu déterminent l’endroit propice où le sacrifice doit être consommé, et le méria y est amené au matin du troisième jour. Après quelques préliminaires, le prêtre le blesse légèrement de son couteau, et la foule furieuse achève bientôt l’œuvre de mort en se précipitant sur le méria, qu’elle dépèce au milieu des éclats d’une musique diabolique et de cris inhumains ; puis chacun reprend le chemin de son village, muni de quelque lambeau de chair dont il fait hommage aux dieux de son foyer