Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/183

Cette page n’a pas encore été corrigée
173
CRIMES ET CHÂTIMENTS

retombant jusqu’au genou, la tête ceinte d’un bandeau de toile rouge, armés de flèches et de javelots, les Khonds ressemblent aux habitants des forêts de la Gaule et de la Germanie avant l’ère chrétienne, et l’on découvrit bientôt que la ressemblance ne s’arrêtait pas au costume, que la pratique des sacrifices humains était en vigueur parmi eux.

L’origine chez les Khonds de ce rite barbare se perd dans la nuit des temps ; il se lie intimement au dogme fondamental de leur religion. C’est pour gagner les bonnes grâces et apaiser le courroux de la déesse la Terre, le mauvais principe de cette mythologie primitive, que les victimes humaines sont offertes en holocauste. Aussi les sacrifices ont-ils lieu à l’époque des semailles, lorsque quelque grande calamité, épidémie, ravages de bêtes fauves, inondation, vient désoler les tribus. Les mérias, — c’est ainsi que l’on désigne, dans la langue des Khonds, les malheureux destinés à satisfaire les appétits sanguinaires de la déesse, — n’appartiennent pas le plus souvent aux tribus des montagnes. Ce sont des Hindous que des marchands de chair humaine, dans la plus horrible acception du mot, viennent enlever ou acheter dans les plaines, et qu’ils conduisent dans les districts habités par les Khonds, où ils les échangent contre despoules, des cochons ou desmoutons. La déesse accepte indifféremment les victimes, quels que soit leur âge ou leur sexe, mais le plus souvent, les panwas (c’est le nom de la caste vouée à cet exécrable trafic) ne peuvent se procurer par la violence ou obtenir de l’horrible cupidité