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LES ANGLAIS ET L’INDE

élevé. Le calcul différentiel, Shakspeare, Byron, l’économie politique, nourrissent avec raison, et nourriront longtemps encore de leur manne fortifiante les jeunes esprits qui fréquentent les universités européennes ; mais cette nourriture spirituelle raffinée est-elle bien celle qui convient à de jeunes sauvages, chez lesquelles les traditions de la maison paternelle n’ont tendu qu’à développer ces habitudes et ces instincts immuables de l’homme de FInde, tel aujourd’hui qu’il était aux jours du Christ, à la conquête de Bacchus, aux temps du déluge ? Il existe, on n’en saurait douter, entre l’éducation de la famille et celle de l’école des affinités que l’on ne viole pas sans danger. Voyez ce jeune babou qui étudie un des problèmes les plus modernes et les plus compliqués de l’économie politique : pour vêtement, il n’a qu’un simple pagne ; une cabane de bambou lui sert d’abri ; près de lui, sur une table fume une lampe, dont la jumelle pouvait éclairer la tente de Seth ou de Japhet. Doit-on s’étonner que tous ces éléments discordants n’arrivent à produire dans l’ordre moral rien autre chose que ce phénomène d’apparente civilisation dont on trouve tant d’exemples chez les riches natifs ? Pour la plupart, en effet, les heureux de l’Inde, possesseurs de magnifiques palais, de somptueux ameublements, d’une riche argenterie, vivent dans leur vie intime comme vivaient leurs pères, sans soupçonner même l’usage de toutes ces belles choses.

En appelant de jeunes sauvages, tout frais émoulus de la sauvagerie, à faire les hautes études qui convien-