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LES ANGLAIS ET L’INDE

saurait mieux dépeindre l’ignorance profonde dans laquelle est plongée la population féminine de l’Inde qu’en disant, nous parlons ici seulement, on doit se le rappeler, des études de la communauté native, qu’il n’existe pas dans tout le Bengale une seule école publique consacrée à l’éducation des filles, et que parmi des populations de plusieurs centaines de mille âmes, on compte par unités les femmes ayant reçu les notions premières de la lecture et de l’écriture.

L’éducation des femmes de l’Inde a préoccupé bon nombre d’esprits d’élite de la communauté européenne, et à plusieurs reprises des efforts énergiques ont été faits par des hommes haut placés dans le gouvernement de la compagnie pour répandre quelque lumière au milieu de ces profondes ténèbres. Malheureusement il faut constater que quoique des ouvriers ardents aient accepté depuis plus de trente ans cette mission ingrate, le premier sillon n’a pas encore été ouvert sur ce sol hérissé de préjugés religieux. L’on donnera au reste une idée des difficultés de l’entreprise en disant que la pieuse femme d’un missionnaire, qui entretint à ses frais pendant plusieurs années, dans une grande ville de l’intérieur, une école de filles, dut reconnaître avec une mortelle douleur que toutes ses élèves, presque sans exception, finissaient par alimenter la population des antres de prostitution de la cité. Outre ce fait, qui explique les préjugés que la communauté native entretient contre l’éducation des femmes, certains usages sociaux opposent une barrière infranchissable aux travaux