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LES ÉCOLES

d’un ordre supérieur, la pendaison par les pieds, par exemple, ou bien encore on l’introduit dans un sac en compagnie d’un chat ou d’une botte d’orties. À l’ouverture de la classe, il est d’usage que le mentor écrive sur la main du disciple arrivé le premier le nom de Sarawasti, déesse de la science : ses politesses s’arrêtent là, car le second venu reçoit en manière de bonjour un coup de baguette dans la main, le troisième deux, et ainsi de suite jusqu’au dernier, qui a droit à un nombre de patoches (c’est là, si nos souvenirs sont fidèles, le nom classique de la chose) égal au nombre de petits camarades réunis avant lui dans la classe.

Ce système de terreur, qui paralyse l’intelligence des élèves, exerce de plus une influence pernicieuse sur leur moralité. Pour s’attirer les bonnes grâces du sévère guruh mahashdi, les pauvres enfants se soumettent en victimes résignées à tous ses caprices, et n’hésitent point à voler à la maison paternelle du riz, du tabac, de l’argent même, qu’ils offrent en présent à leur terrible mentor. Ce n’est pas que les jeunes Bengalis, en véritables fils d’Adam, ne tentent à certains jours de prendre leur revanche en semant d’épines la natte du professeur, ou en assaisonnant d’épices le tabac de son houkah. Quelquefois même ils le poursuivent dans l’ombre à coups de pierres, ou, vendetta plus terrible encore, passent processionnellement à la nuit tombante auprès de sa cabane, chantant en chœur des hymnes improvisés où ils promettent force présents à la

déesse Kali,si, par son intervention, une mort prochaine

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