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LES ANGLAIS ET L’INDE

gieux des natifs par les jésuites de l’Inde avaient été presque dès leur origine révélées à Rome, et, au commencement du xviiie siècle, le pape Clément XI envoya le cardinal de Tournon, patriarche d’Antioche, avec des pouvoirs ab latere, pour mettre un terme à de pareils scandales.Le délégué du saint-siége, après une enquête scrupuleuse, dénonça et condamna les pratiques des missionnaires jésuites ; il leur défendit, sous peine d’excommunication, de se conformer aux coutumes adoptées par les brahmes. Les jésuites indiens n’acceptèrent pas cette condamnation sans résistance ; des pères furent envoyés à Rome pour en appeler de la décision du cardinal de Tournon, mais leurs réclamations ne furent pas écoutées, et le saint-père maintint le décret de son envoyé dans toute sa rigueur. Cet échec n’intimida point, il est vrai, les missionnaires de Madura, et les négociateurs, sans reculer devant une nouvelle imposture, annoncèrent, à leur retour dans l’Inde, qu’ils avaient obtenu du sacré collège l’autorisation de continuer des pratiques extérieures nécessaires à la conversion des infidèles. Les remontrances, les bulles du saintsiége restèrent sans effet : les pères de la mission indienne continuèrent à se présenter aux populations comme des brahmes de l’ordre le plus élevé, et, comme tels, à se conformer à toutes les pratiques nécessaires pour soutenir cette imposture. Le coup qui ruina l’œuvre de la compagnie de Jésus dans l’Inde ne devait point émaner du pouvoir spirituel de Rome ; la fortune de la mission de Madura succomba dans la lutte qui anéantit