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LES ÉCOLES

revenir. L’œuvre interrompue fut reprise au xviie siècle par Robert de Nobilibus, jésuite et gentilhomme français, le véritable fondateur de la célèbre mission de Madura. Politique profond, comme tous ceux de son ordre, adoptant sans scrupule tous les moyens qui mènent à bonne fin, Robert de Nobilibus comprit que les préjugés religieux étaient les seuls sentiments vivaces des hommes de l’Inde, et il résolut de s’en faire une arme de propagande en se présentant aux yeux des populations comme un brahme réformateur chargé de la mission sacrée de rendre à la religion sa pureté primitive. Nuls travaux, nulles privations ne lui coûtèrent pour soutenir cette imposture, maintenue jusqu’à la dernière extrémité par ses successeurs. Couverts d’un vêtement couleur orange et d’une peau de tigre, un bâton à sept nœuds à la main, s’abstenant scrupuleusement de nourriture animale et de boissons fermentées, les jésuites de Madura adoptèrent ouvertement toutes les pratiques de la religion desbrahmes, et conservèrent le secret de leur foi et de leur origine comme un secret de vie ou de mort d’où dépendait la fortune de la mission. Il serait bien hasardeux de croire sur parole les gens qui pratiquent la fraude religieuse sur une pareille échelle ; mais à la vue des ruines gigantesques de l’établissement de Madura, on peut, sans admettre tous les récits merveilleux des jésuites de l’Inde, regarder du moins comme incontestable l’importance des résultats qu’ils avaient en peu d’années su obtenir.

Les concessions honteuses faites aux préjugés reli-