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L’ARMÉE ANGLO-HINDOUE

pluie glacée, sans nourriture et sans eau depuis plus de vingt heures ; les gémissements des mourants et des blessés ; dans le lointain, le camp des Sicks en feu, d’où partait une immense canonnade qui semait la mort dans les rangs de l’armée anglaise. Pendant ces heures d’anxiété, les deux vieux guerriers parcouraient les bivouacs des divers régiments pour relever le courage des hommes et leur promettre de les conduire le lendemain à la victoire. Cette promesse devait être noblement tenue. A la pointe du jour, sir Hugh Gough et sir Henry Hardinge, à trente pas en avant des rangs anglais, l’épée à la main, forcèrent la position des Sicks, qui se retirèrent en pleine déroute, laissant 99 pièces de canon entre les mains de l’ennemi. Ce succès fut chèrement acheté. L’armée anglaise, forte de 16, 700 hommes, comptait 2, 721 hommes hors de combat ; parmi ces derniers, 37 officiers tués et 78 blessés. Des dix officiers attachés à l’état-major de sir Henry Hardinge, un seul avait échappé sain et sauf, son fils, dear little Arthur, comme il l’appelle avec une familiarité touchante dans une de ses lettres, un enfant de seize ans qui avait parcouru à côté de son père toutes les phases de ce terrible combat. Notons parmi les morts de cette grande journée le major Sommerset, officier d’une bravoure chevaleresque et fils aîné de ce digne lord Raglan dont le nom se trouve si intimement lié à l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire militaire de la France.

Mais ce n’est pas seulement par sa bravoure sur le champ de bataille, c’est par son énergie patiente dans