Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée
100
LES ANGLAIS ET L’INDE

diers qui, condamnés à mort pour rébellion dans le siècle dernier, s’appuyèrent de leur privilège de monter les premiers à l’assaut pour réclamer le droit d’être attachés les premiers à la bouche des canons, et montrer à leurs compagnons d’infortune à bien mourir ; ou encore ce Scévola hindou, qui, tenant son bras en manière de défense devant la figure de son officier occupé à pointer un canon dans une embrasure de redoute, se contenta d’engager son supérieur à se dépêcher, lorsqu’une balle lui eût brisé la main ; mais cette résignation, ce mépris de la mort qui forment d’ailleurs un des traits caractéristiques du moral de l’homme de l’Inde ne compensent pas ce qui manque au soldat natif de force physique, d’énergie musculaire, de rudes appétits. Aussi, tout en rendant justice aux bonnes qualités qui distinguent le cipaye, à sa douceur, à sa sobriété, à son respect pour la discipline, ses apologistes même les plus passionnés n’ont jamais osé prétendre qu’il pût être opposé avec succès au soldat européen.

Les cantonnements des troupes natives sont uniformément placés, dans les stations indiennes, aux limites du champ de manœuvre. Sous d’épais ombrages sont groupées les huttes où les cipayes vivent par couple, habitations primitives aux toits de chaume, aux murs de bambous croisés de nattes, ou mieux de boue. L’intérieur ne le cède pas en simplicité à l’extérieur : deux places à feu, deux lits grossiers, des pots de cuivre composent tout l’ameublement de ces demeures, dignes des meilleurs jours de Sparte. Les habitations des offi-