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L’ARMÉE ANGLO-HINDOUE

dienne perce sous l’uniforme : regardez fixement un cipaye, et vous pouvez parier cent contre un qu’immédiatement il vous rendra un salut militaire, ou un port d’arme s’il est en faction. C’est qu’en effet le cipaye n’a rien perdu de ses habitudes natives, et pour démontrer cette vérité, que le lecteur veuille bien nous accompagner aux tentes d’une compagnie d’infanterie venue récemment de l’intérieur avec un convoi d’argent, et campée sur les glacis du fort William, à Calcutta.

Le camp est formé de trois grandes tentes ; un seul homme en habit rouge, une baguette de fusil à la main, en garde l’approche ; quant aux soldats, ils ont dépouillé l’uniforme et revêtu le costume indien dans toute sa simplicité : les plus couverts en chemise ! Et quelles fantaisies de coiffures ! celui-ci la tête complètement rasée, celui-là avec des nattes de six pieds, cet autre à front monumental fait à coups de rasoir ; ce soldat sick enfin, ses cheveux relevés et noués en chir gnon comme une demoiselle chinoise. Les officiers natifs se distinguent par un collier de boules de bois doré. Du reste une tranquillité parfaite, un ordre profond. Chaque homme fait sa petite cuisine, dans son petit pot, à son petit feu, ou s’occupe de soins de propreté. C’est que la main des siècles, l’influence civilisatrice de la discipline militaire ont glissé sur la nature immuable de l’Indien comme l’huile sur le marbre. Trois coups de baguette, deux mots, et ces sauvages à demi nus, le fusil à piston à la main, l’habit rouge sur le dos, offriront des spécimens très-remarquables des soldats de