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LES ANGLAIS ET L’INDE

reste excessivement rare que les promotions sortent des conditions d’ancienneté, et la très-grande majorité des officiers natifs ont dépassé de beaucoup la soixantaine. Nous ne croyons pouvoir mieux apprécier la position de l’officier natif qu’en le comparant à un homme qui joue un rôle considérable dans la marine royale anglaise, le master. De même que le master répond de la bonne route du navire, l’officier natif répond de la bonne tenue et de la bonne conduite du régiment, et au jour du combat s’efface pour laisser le commandement à Fofficier européen, comme le master à l’officier de la marine royale. Cette position d’officier sans espoir d’avancement ultérieur, qui n’est jamais celle de Fégalité avec les officiers européens, même avec le plus jeune enseigne, offre, il faut en convenir, bien peu d’aliment à l’ambition du soldat ; mais l’ambition, la soif du commandement et des honneurs existe-t-elle à un haut degré parmi les hommes dociles et résignés qui remplissent les rangs de l’armée de l’Inde ? Les soldats de la compagnie demandent-ils plus au sort qu’une position qui assure libéralement leur pain de chaque jour et celui de leur famille ? Il est permis d’en douter, et à l’appui de cette opinion on peut citer le fait qu’il est presque sans exemple qu’un officier ou sous-officier natif ait pris part aux rébellions, d’ailleurs peu nombreuses, qui ont agité l’armée de l’Inde. Remarquons aussi en passant que les diverses révoltes avaient en grande partie pour point de départ des atteintes plus ou moins graves portées par l’autorité supérieure aux préjugés religieux des natifs.