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la juxtaposition de figures qu’on sait rendre aussi petites qu’il est nécessaire. Un édifice, si complexe qu’on pourra le concevoir, multiplié et proportionnellement rapetissé, représentera l’élément d’un milieu dont les propriétés dépendront de celles de cet élément. Nous nous trouvons ainsi pris et nous déplaçant dans une quantité de structures. Qu’on remarque autour de soi de quelles façons différentes l’espace est occupé, c’est-à-dire formé, concevable, et qu’on fasse un effort vers les conditions qu’impliquent, pour être perçues, avec leurs qualités particulières, les choses diverses, une étoffe, un minéral, un liquide, une fumée, on ne s’en donnera une idée nette qu’en grossissant une particule de ces textures et en y intercalant un édifice tel que sa simple multiplication reproduise une structure ayant les mêmes propriétés que celle considérée… À l’aide de ces conceptions, nous pouvons circuler sans discontinuité à travers les domaines apparemment si distincts de l’artiste et du savant, de la construction la plus poétique et même la plus fantastique jusqu’à celle tangible et pondérable. Les problèmes de la composition sont réciproques des problèmes de l’analyse ; et c’est une conquête psychologique de notre temps que l’abandon de concepts