dant quelques années dans les fonctions d’officier subalterne, peut y trouver d’incomparables leçons. Il peut, s’il sait observer, voir vivre et considérer dans leur mélange les types très divers de la nation, regarder comme se comportent dans l’égalité momentanée de la condition militaire, les individus de complexion, de culture, de fortune, de profession les plus variées. Ce n’est pas tout que d’étudier sur la carte et sur le terrain la figure physique de son pays ; il faut en apprendre les hommes. Qu’on relise alors notre histoire… Je ne vois véritablement pas de profession qui serait plus propice à mûrir un bon esprit, — s’il se trouvait en nous toujours autant d’esprit que l’occasion de s’en servir est plus précieuse.
Voilà, Monsieur, comme j’aime de vous concevoir dans votre carrière du temps de paix, vous formant, à la faveur des droits et des devoirs de votre grade, ces idées justes sur l’homme dans le rang, et sur ses réactions, dont vous tirerez beaucoup plus tard de si utiles conséquences.
Mais cette observation de la vie ne vous empêchait point de vous instruire des parties les plus spéciales de votre métier. Tout en remplissant avec zèle les devoirs assez monotones de votre état, menant cette existence toute régulière et laborieuse de l’officier de troupe auquel il faut tant de foi ou de résignation pour accomplir comme indéfiniment le cycle liturgique de l’année militaire, — l’accueil de la classe, son dressage, les tirs, l’inspection, les manœuvres, — cependant vous appliquiez votre esprit à approfondir ce qui vous paraissait de plus positif et de plus précis dans la science de la guerre. Au bout de quelques années, vous devenez une manière d’autorité dans l’art de la conduite du feu.
Vous considérez ces questions problématiques d’un œil exi-