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À L’ACADÉMIE FRANÇAISE

par la grâce de quelques salons, naquirent et grandirent ces miracles de pureté, de puissance précise et de vie, ces œuvres incorruptibles, qui nous inclinent malgré nous devant leurs figures parfaites, et qui atteignent en déesses un degré de naturel surnaturel.

Messieurs, je ne vous donne point mes déductions imaginaires pour de solides ni de profondes pensées. Ce n’est ici qu’un arrangement de quelques idées que j’eusse désiré tout autre. J’aurais voulu vous composer plus habilement les différents visages de mon illustre prédécesseur et former plus heureusement le tableau de ses grands titres à l’attention de la postérité.

Esprit délicieux et délié jusqu’à l’excès, amant passionné de ce qui fut de plus beau en tous les genres, et toutefois ami des hommes, il restera dans l’histoire de nos Lettres celui qui a rappelé a notre temps la relation remarquable et singulière que j’ai essayé de vous exprimer, entre l’indépendance de la pensée, le système d’art le plus rigoureux et le plus pur qui jamais ait été conçu, et notre nation même, libre et créatrice.