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REMERCIEMENT

pratique qu’en avait eus jadis quelqu’un d’assez différent, Joseph de Maistre ; Racine, enfin, que j’admirais aussi à ma façon.

Je l’admirais comme je pouvais, en homme qui en avait fait la découverte trente ans après ses études, à l’occasion de quelques minuscules et immenses problèmes de l’art des vers. Ce compositeur incomparable n’était apparu à ma jeunesse que comme un instrument de l’éducation publique, laquelle heureusement en ce temps-là se gardait de nous enseigner à aimer. Je ne regrette pas cette longue méconnaissance et cette reconnaissance tardive. Jamais nous n’estimons plus exactement les grands hommes que par une comparaison immédiate de leur force avec nos faiblesses. Si les circonstances nous proposent telle difficulté dont il a vaincu la pareille, nous nous émerveillons comme il a dénoué le nœud, fait s’évanouir l’obstacle, et nous mesurons avec la plus grande et la plus sensible précision cette puissance qui a triomphé par la nôtre, qui est demeurée sans effet.

Une heure se consuma insensiblement dans cette conversation unique et racinienne. Comme j’allais me retirer, mon futur prédécesseur me fit compliment. Il me dit que j’avais bien parlé de Racine, et je partis content de lui, c’est-à-dire content de moi. Il ne me souvient pas de ces belles raisons que son aménité voulut que j’eusse exposées. Sans doute n’avais-je fait que d’articuler à ma façon la commune pensée de tous ceux que délecte la musique et que touche la perfection. Je suis bien sûr que j’ai célébré cette étonnante économie des moyens de l’art qui est le propre de Racine et qui se compense d’une possession si entière du petit nombre de ces moyens qu’il se réserve. Peu de personnes conçoivent nettement combien il faut d’imagination pour se priver d’images et pour rejoindre un idéal si dégagé. Dans les lettres