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car la vanité de leurs effets, autres que les souffrances, aura pu être prévue, et qu’il apparaîtra d’ailleurs que ces déchaînements impliquent renonciation totale et désespérée aux ressources de l’esprit. La transformation de l’univers humain rend les solutions par la violence incalculables et donc stupides. C’est là ce qu’il serait peut-être bon de faire comprendre, sans le moindre appel aux considérations sentimentales. Je reviens ainsi à mon commencement, qui était une invocation à l’intelligence des hommes et je répète : More Brain, o Lord

Quand j’ai dit un jour à Genève, dans une des réunions de notre Commission, que la Société des Nations supposait une Société des Esprits, je ne voulais pas dire autre chose. Personne mieux que vous ne l’a compris.



PRÉFACE À LA LUTTE POUR LA PAIX[1]


Ce petit livre que vous venez d’écrire résume l’état d’un monde qui ne peut parvenir à trouver sa figure d’équilibre, — sa paix, — c’est-à-dire la forme de paix qui conviendrait à l’ère actuelle, car la paix dont nous jouissons (si c’est là jouir) depuis 1919, n’est, au fond, qu’une sorte de trêve de durée indéterminée.

Mais on peut se demander si, dans les circonstances présentes, on peut même concevoir quelque idéal de stabilité, puisque le caractère évident de l’époque que nous vivons est l’instabilité dans tous les genres, la production continuelle, et comme néces-

  1. De M. Mariano Cornejo (octobre 1933).