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NOTE SUR L’IDÉE
DE DICTATURE[1]


Je ne sais presque rien de la politique pratique, où je présume que l’on trouve tout ce que je fuis. Rien ne doit être si impur, c’est-à-dire si mêlé de choses dont je n’aime pas la confusion, comme la bestialité et la métaphysique, la force et le droit, la foi et les intérêts, le positif et le théâtral, les instincts et les idées…

Mais c’est là faire le procès de l’homme, sans doute… Je n’ai donc pas la moindre qualité pour introduire un ouvrage comme celui-ci, dans lequel, sous forme d’entretiens, un homme d’État en possession du pouvoir développe ses pensées et ses desseins et explique ses actes.

Peut-être M. Antonio Ferro qui m’a demandé d’écrire ici quelques lignes de préambule, a-t-il recherché le contraste et voulu joindre à des considérations autorisées et inspirées par l’expérience, quelques vues spéculatives, — et la naïve expression de l’effet que produit sur un simple particulier le spectacle d’un gouvernement personnel de type moderne ?

  1. Préface au Livre de M. Antonio Ferro, Le Portugal et son Chef (Janvier 1934).