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PROFUSION DU SOIR,
POÈME ABANDONNÉ...


Du Soleil soutenant la puissante paresse
Qui plane et s’abandonne à l’œil contemplateur,
Regard !.. Je bois le vin céleste, et je caresse
Le grain mystérieux de l’extrême hauteur.

Je porte au sein brûlant ma lucide tendresse,
Je joue avec les feux de l’antique inventeur ;
Mais le dieu par degrés qui se désintéresse
Dans la pourpre de l’air s’altère avec lenteur.

Laissant dans le champ pur battre toute l’idée,
Les travaux du couchant dans la sphère vidée
Connaissent sans oiseaux leur entière grandeur.

L’Ange frais de l’œil nu pressent dans sa pudeur
Haute nativité d’étoile élucidée,
Un diamant agir qui perce la splendeur...