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Je t’adore, sous ces myrtes, ô l’incertaine, Chair pour la solitude éclose tristement Qui se mire dans le miroir au bois dormant. Je me délie en vain de ta présence douce, L’heure menteuse est molle aux membres sur la mousse Et d’un sombre délice enfle le vent profond. Adieu, Narcisse... Meurs ! Voici le crépuscule. Au soupir de mon cœur mon apparence ondule, La flûte, par l’azur enseveli module Des regrets de troupeaux sonores qui s’en vont. Mais sur le froid mortel où l’étoile s’allume, Avant qu’un lent tombeau ne se forme de brume, Tiens ce baiser qui brise un calme d’eau fatal ! L’espoir seul peut suffire à rompre ce cristal. La ride me ravisse au souffle qui m’exile Et que mon souffle anime une flûte gracile Dont le joueur léger me serait indulgent !.. Évanouissez-vous, divinité troublée ! Et toi, verse à la lune, humble flûte isolée, Une diversité de nos larmes d’argent.