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pareilles à des rapports harmoniques, où la transmutation des pensées les unes dans les autres paraîtrait plus importante que toute pensée, où le jeu des figures contiendrait la réalité du sujet, — alors l’on pourrait parler de poésie pure comme d’une chose existante. Il n’en est pas ainsi : la partie pratique ou pragmatique du langage, les habitudes et les formes logiques et, comme je l’ai déjà indiqué, le désordre, l’irrationalité qui se rencontrent dans le vocabulaire (à cause des provenances infiniment variées des âges très divers où les éléments du langage se sont introduits), rendent impossible l’existence de ces créations de poésie absolue ; mais il est aisé de concevoir que la notion d’un tel état idéal ou imaginaire est très précieuse pour apprécier toute poésie observable.

La conception de poésie pure est celle d’un type inaccessible, d’une limite idéale des désirs, des efforts et des puissances du poète...