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plutôt des relations des résonances des mots entre eux, ce qui suggère, en somme, une explorât ton <le tout ce domaine de la sensibilité qui est gouverné par le langage. Cette exploration peut être faite à tâtons. C’est ainsi qu’elle est généralement pratiquée. Mais il n’est pas impossible qu’elle soit un jour systématiquement conduite.

J’ai essayé de me faire, et j’essaye de donner, une idée nette du problème poétique, ou, du moins, ce que je crois être une idée plus nette de ce problème. U est remarquable que ces questions, aujourd’hui, suscitent une curiosité fort étendue. Jamais un si vaste public ne s’est intéressé, semble-t-il, non seulement à la poésie même, mais à la théorie poétique. On assiste à des discussions, on voit se produire des expériences qui ne sont pas restreintes, comme jadis, à des groupes très fermés et très peu nombreux d’amateurs et d’expérimentateurs ; mais, chose merveilleuse, à notre époque, on voit même dans le grand public une sorte d’intérêt et parfois d’intérêt passionné, s’attacher à ces discussions presque théologiques. (Quoi de plus théologique que de discuter, par exemple, sur l’inspiration et sur le travail, sur la valeur de l’intuition comparée avec celle des artifices de l’art. Ne sont-ce point là des pro-