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plus libre, plus rigoureux que le vôtre, nous n’y pouvons rien, ni vous, ni moi.


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Ce n’est pas le moindre agrément de la rime que la fureur où elle met ces pauvres gens qui s’imaginent connaître quelque chose de plus important qu’une convention. Ils ont la croyance naïve qu’une pensée peut être plus profonde, plus organique... qu’une convention quelconque.


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La prose est le genre de travail qui permet de commencer par la pensée des choses, par leurs images ou idées, et de finir par les mots. Toutes les fois que le discours commence le jeu, que l’esprit attaque par les mots ou phrases, la prose naît rythmée comme chez les orateurs. La prose naît sans rythme quand elle résulte d’un déchiffrement, et admet une suite indéfinie d’interruptions intérieures. Tout écrit rythmé et refléchi est artificiel, c’est-à-dire que la spontanéité apparente due au rythme a été construite après coup sur une matière incompatible avec elle pendant sa