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dont il procède, en tant qu'ils réagissent sur leur auteur, forment en lui un autre produit qui est un homme plus habile et plus possesseur de son domaine-mémoire.

Une œuvre n’est jamais nécessairement fin te, car celui qui l’a faite ne s’est jamais accompli, et la puissance et l’agilité qu’il en a tirées, lui confèrent précisément le don de l’améliorer, et ainsi de suite... // en retire de quoi l'effacer et la refaire. C’est ainsi, du moins, qu’un artiste libre doit regarder les choses. Et il en vient à tenir pour œuvres satisfaisantes celles-là seulement qui lui ont appris quelque chose de plus.

Cette vue n’est pas celle des amateurs ordinaires des œuvres. Elle ne saurait leur convenir.

— Mais j’ai écrit tout ceci en suivant, à partir de mon commencement, une autre voie que celle où je pensais d’abord m’engager par ce meme commencement.

Je voulais parler des philosophes, — et aux philosophes.

Je voulais montrer qu’il leur serait infiniment profitable de pratiquer cette laborieuse poésie qui conduit insensiblement à étudier les combinaisons de mots non tant par la conformité des significations de ces groupements avec une idée ou pensée que l’on