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pourtant fonction organisée, répétible ; énergie et régénérateur d’énergie. A la fois étonnement et fonctionnement... Exception, chance et acte.


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Le passage de la prose au vers ; de la parole au chant, de la marche à la danse. — Ce moment à la fois actes et rêve.

La danse n’a pas pour objet de me transporter d’ici là; ni le vers, ni le chant purs.

Mais ils sont pour me rendre plus présent à moi-même, plus entièrement livré à moi-même, dépensé devant moi inutilement, me succédant à moi-meme, et toutes choses et sensations n’ont plus d’autre valeur. Un mouvement particulier les fait comme libres; et infiniment mobiles, infiniment présentes, elles se pressent pour servir d’aliments à un feu. C’est pourquoi les métaphores, ces mouvements stationnaires !

Le chant est plus réel que la parole plane ; car elle ne vaut que par une substitution et une opération de déchiffrement tandis qu’il meut et fait mimer, fait vouloir, fait frémir comme si sa variation et son étoile étaient la loi et la matière de mon être. Il se met à ma place ; mais la parole plane est à la superficie,